La Camargue – Louis Monnet
Elle n’est qu’un ciel immense au-dessus des étangs
Paradis des oiseaux quelle que soit la saison.
Lieu de pèlerinage des Roms et des Gitans
Blanche et paillue de curieuses maisons.
Des gardians de légende et aussi des flamands
Halte des migrateurs parmi les sédentaires,
Manades de taureaux noirs avec des chevaux blancs
Le vent dans les canisses et qui ne sait se taire.
Et de partout du sel que les embruns déposent.
Souvent tout s’y confond de la terre et des cieux.
Des joncs et des vorgines, des tamaris roses,
Le vent qui s’éternise, changeant, capricieux.
Au delta du vieux fleuve aujourd’hui enlisé
Le grand Rhône ralenti s’en va jusqu’à sa perte
Laissant son petit frère, méandres balisés,
Qui frôlant les Costières cours à la découverte.
Et en face la mer, toujours en reconquête
Sur les crues de l’eau douce laissant des alluvions
A grand renfort de houle ou de fortes tempêtes
Sans cesse remodèle le golfe du Lion.
La canicule l’été, le froid piquant l’hiver,
Les pluies qui s’évaporent ou de brutaux orages.
L’impétueux mistral qui s’en va loin en mer
Bascule les étangs où des buttes surnagent.
Au loin dans les garrigues et les basses collines
Les Alpilles se dressent rejetant la Durance.
Par temps calme, le matin, au levant se devine
Le son des cloches d’Arles, joyau de la Provence.
Louis MONNET
Extrait du recueil Caravanes