Une fois n’est pas coutume… En ce mois d’août, les Editions Voyages d’Ici souhaitent honorer la jeune création et publient ici deux textes de deux jeunes auteurs, Léa Serra et Olivier Faure-Brac.
Vagabondages sur le thème du bonheur… Voici deux interprétations, deux regards, deux visions d’un sujet éternel…
Partout le bonheur m’attend
Bercée par le vent frais du matin
Couchée près du cerisier en rose vêtu
J’admire le ciel bleu et ses nuages fins
Pensant à toutes les joies qui m’ont émues.
Que j’escalade la montagne ou parcoure les forêts,
Que je vogue sur les vagues ou joue dans le vent,
Que je creuse la terre ou marche sur les sentiers,
Partout le bonheur m’attend.
Le jour et la nuit dansant
Aux chants du rossignol et du grillon
Bercent le tendre enfant
Tout le long de la chanson.
Terre planète bleue,
Cœur de vie et de mort, cœur de diversité,
Où un Roi parmi les Dieux
Ramène chaque jour de la clarté sur les ombres effacées.
Dans la chaleur enivrante
Chaque seconde est comptée,
Alors que le Roi entonne son hymne vibrante*
Vous vous endormez dans les coins frais.
Sur les plaines gelées
Rebondissent les flèches du Roi.
Le sol nacré brille de toute beauté,
Pourvu que je ne me réveille pas cette fois.
Dans son éternel refrain le Roi laisse place
Au cœur de fanfares et chants l’acclamant
La Reine du soir dans son infini palace
Qui éclaire de son voile noble les nombreux voyageurs itinérants.
Chaque soir la Reine est annoncée par son fidèle serviteur
Cousin glacé de notre Terre, Vénus.
Etoile du berger, première dans nos cœurs,
Jamais elle ne pourra être effacée par les cumulus.
Le champs s’étend à perte de vue dans la nuit.
Tous les bruits se sont tus
Je peux enfin laisser divaguer mes pensées qui fuient
Ou profiter d’un silence que le jour a perdu.
Dans ce noir tacheté mes souvenirs se ravivent
Le changement de couleur des saisons,
La belle lumière si vive,
Les multiples couleurs lors de la floraison.
Quand je vois ce tableau infini mes problèmes semblent futiles,
Seule cette beauté sans âge me fait verser une larme
Mon cœur est ravi et mon cerveau rend les armes.
Pourrait-on jamais voir plus idéal en ville ?
Dans mon cœur, le doux feuillage de l’air marin,
Les monts enneigés et les grandes plaines orangées,
Les senteurs boisées et le langoureux refrain
Resteront gravés dans mes pensées.
Mais j’arrive près des alpages,
Alors je vous invite au voyage
« Là [où] tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe calme et volupté. »
Léa Serra
*Dixit le dictionnaire Hachette 2012 le nom ‘hymne’ peut être employé au féminin lorsqu’il désigne un chant religieux.
** Extrait de « L’invitation au voyage » de Charles Beaudelaire.
Le refuge du poète
La nature est pour l’homme
Un refuge éternel,
Où l’inspiration est un vent
Au souffle immortel.
Le poète s’y refugie,
Incompris du grand nombre.
Dans le fleuve de la vie
Il regarde son ombre.
Légère et instable,
A la surface elle flotte.
Éphémère et fragile,
D’un nuage elle s’envole.
Amusé par ce jeu,
Le poète la suit,
Dans un monde de chimères
Enfin il s’enfuit.
Il n’y a que dans ces bois
Aux étendues moelleuses
Que le poète s’abandonne
Pour une réalité plus heureuse.
Dans le sable des âmes
Déjà il s’épanouit.
De ses émotions passagères
Sur une feuille il s’acquitte.
De ses fièvres il se purge
Sous un ciel étoilé,
De la reine des ombres, et
De Lamartine accompagné.
Ses amours passées il pleurera,
De ses larmes perlées il écrira,
Sur la pierre ses peines il encrera,
Espérant que la pluie les emportera.
Chaque nuit il revient ici,
Auprès de ses prédécesseurs il écrit,
Rêvant d’argumenter aussi bien que Voltaire,
Rêvant de faire hommage à la langue de Molière.
C’est sa liberté à lui,
Son héritage des lumières,
S’il peut s’enfuir ici
Sans être mis à terre.
C’est son bonheur personnel,
D’ainsi échapper à sa vie,
Sa plénitude émotionnelle,
De s’imaginer grand lui aussi.
Un jour il le sait,
La vie finira
Et ses rêves enfouis
Il emportera.
Vicomte