La poésie d’octobre 2021

La poésie du mois

Automne provençal

Le feuillage d’automne adouci de lumière
Dans une coulée d’or abandonne le vert
Et se mêle, de-ci, de-là, aux tons de la rocaille
Avec des grenats et des teintes de paille.

Plus bas les oliviers chantonnent sous la brise,
Un bruissement léger, toujours une surprise.
Cette musique douce qui descend des Alpilles
Et s’éteint dans les vignes où les oiseaux grappillent.

Et bien plus bas encore, au flanc du Lubéron,
Un vieux bourg grisâtre blotti dans le giron,
Depuis les temps anciens, d’un rempart ancestral
Le protégeant des hordes autant que du mistral.

Il me semble d’ici entendre la fontaine
Qui n’a jamais failli depuis l’ère romaine
Et qui était jadis le centre du village
Où venaient échouer nouvelles et commérages.

Il flotte entre deux vents une odeur de garrigue,
D’anis et de lavande, de confitures de figues.
Et sur le banc de pierre adossé aux maisons
Des vieilles en fichus goûtent l’arrière-saison.

L’été s’en est allé avec ses visiteurs.
Le calme est revenu et les dernières fleurs,
Salvias et pétunias, géraniums, impatiens,
Attendent d’un doux hiver de mourir lentement.

Louis Monnet

La poésie de septembre 2021

La poésie du mois

Tout va bien

Des peuples en devenir et quêtant assistance
Contre quelques subsides s’ouvrent à l’ingérence.
Leurs sous-sols comblés provoquent convoitises,
De plus civilisés en usent, les utilisent.

Vendus par des compères qui tètent au râtelier,
Présidents et ministres vont tous se mésallier,
Dans leurs costumes-cravates et leurs belles autos.
Mais leur âme est plus noire que la plus noire peau.

Ils clament leur bonne-foi ! Comment peut-on oser
Croire qu’ils sont vénaux à donner la nausée ?
Le pillage se paie avec des ONG.
Ainsi, bien des consciences s’en trouvent apaisées.

Tant s’en va l’outre au puits qu’à la fin elle perd.
Toutes les religions finissent dans la guerre.
Chacune veut dominer par ses textes sacrés
Falsifiant les versets, prétextes à massacrer.

Quelle qu’en soit la forme et chacune pour son Dieu
Agit pour qu’elle soit seule sur Terre et dans les Cieux.
Perversion et violence à l’excès se répètent,
Télé et cinéma leur montrent la recette.

Et ainsi tout va bien de partout dans le Monde…
Le Mal se mord la queue puisque la Terre est ronde.
L’été, je me prélasse et me dore au soleil…
Un cent fois rien du tout ! Pour moi, c’est bien pareil.

Louis Monnet

La poésie de juin 2021

La poésie du mois

Désordre

Une fleur s’endort dans mon monde
Elle fut chérie, choyée
Lors d’une trop courte vie d’été

Un matin de printemps elle fleurit
Pour la toute première fois
Ouvrit son cœur et nous sourit

Toute de rouge et de vert vêtue
Elle était encore si têtue
Mais venait juste de commencer son histoire

Tous les bourdons la désiraient
Elle était à la fleur de l’âge,
Était la Reine des pâturages

Toutes les abeilles chantaient ses exploits
Les pétunias enviaient sa beauté
Mais je la voulais juste pour moi

Dans un univers où tout s’efface
Où je redessine sans cesse l’espace
Petite fleur tu étais mon seul point d’ancrage

Un jour où la lumière faiblit
Ce jour où je me suis endormie si vite
Où je n’ai pas eu le temps d’aller à ta poursuite

Tu te courbas si lentement
Pétale après pétale
Et même pas en chantant

Tu étais si seule dans ce biome
Perdue et apeurée, ce fut donc en somme
Une transformation parfaitement désordonnée

Léa Serra

La poésie de mai 2021

La poésie du mois

Le temps

Il faut beaucoup de temps pour bâtir une vie
Tant de temps pour grandit qu’on se croit éternel
Tant de temps pour aimer et aussi pour souffrir
Tant de temps pour, enfin, gagner un peu de ciel.

Et pourtant, tout ce temps, comme il passe vite.
A peine le printemps que c’est déjà l’hiver
A peine le bel été que s’en viennent les rides
A peine quelques orages qu’il n’y a plus de miel.

Il y a temps pour tout, disaient jadis les sages
Et c’est ce qu’on croyait quand on avait 20 ans.
Tant de choses essentielles remises au lendemain
Et l’on ne savait pas qu’on restait les mains vides.

Il faut tempes grises pour remâcher hier
Comme si cela pouvait en remonter le temps
Qui, inexorable, sans s’émouvoir, chemine
Car sa route est longue et il n’a pas le temps.

Louis Monnet

La poésie d’avril 2021

La poésie du mois

L’ange

« Et petit, regarde-moi. Lève la tête. Dans le ciel. Tu me vois ? Non ? La toute petite étoile à côté de la grosse brillante. Toujours pas ? Je suis celle à la forme un peu ovale avec des nuances roses. Et maintenant tu me vois ? Je suis l’amour, la tristesse, la joie, la colère. Tu penses m’avoir vue ? Je suis celle qui connaît ton histoire, tes peines et tes désirs. Ça y est tu me vois ? Très bien, ferme les yeux maintenant. Tu me vois toujours ? Je suis la petite lumière dans ton cœur. Je représente ton passé et ton futur. Voilà c’est bien, maintenant tu me ressens vraiment. Tu m’as absorbée. Je suis en toi. Je suis toi. Ton petit ange, ta lumière. Maintenant, ouvre les yeux. Tu te sens mieux ? Tu ne pleures plus ? C’est bien. Maintenant rappelle-toi que quoi qu’il t’arrive, une étoile veille sur toi. »

Léa SERRA

La poésie de mars 2021

La poésie du mois

Aimer pour deux

Comme une vague épuisée vient mourir sur le sable,
Les blessures profondes et mal cicatrisées
Sont des toiles d’araignée par tous les vents brisées,
S’effilochant sans bruit, pendantes, lamentables

Et ainsi, chaque jour, parmi tant d’infortunes,
Inconsciemment pervers de désir et d’amour
Bien souvent confondus, sont ressassées toujours,
Sans morale ombragée et combien importune.

Profite du temps présent jusqu’à la dernière heure
Sans chercher à savoir quel en sera son prix.
Qu’importe les mal-dits et les mots incompris,
Il faut aimer pour deux et croire au bonheur.

Louis Monnet

La poésie de février 2021

La poésie du mois

Alpha du Centaure

Majestueuse et bleue, dans le vide, suspendue,
La planète des hommes est à jamais perdue.
Dans l’enfer du brasier puis dans le froid polaire
Les derniers ont péri sous la vague glacière.

Bientôt un demi-siècle qu’ils tournaient autour.
Jouer avec l’atome, une voie sans retour.
Hiro, Nagasaki, premiers essais timides,
Puis terres et océans se plissèrent de rides.

Et des milliers d’années, de sages réflexions,
Et des millions de siècles, de lente évolution
Ayant fait d’une amibe cet être merveilleux
Qui un jour se hissa presque au niveau des Dieux

N’auront servi à rien, tout juste à entrevoir
Que l’Eden promis pouvait se concevoir.
Mais il fallait y croire en espérant toujours.
Avec humilité. Aussi beaucoup d’amour.

Fuyant dans l’infini cette horreur entrevue
Et désormais privé de leur base perdue
Un couple va faire souche, recommencer, encore.
Ils guident leur navire vers Alpha du Centaure.

Louis Monnet

Amours à nu, Louis Monnet et Michel Serra

Format 16×16 – 64 pages – Illustrations Michel Serra

Amours à nu est un hors série de la collection Voyage poétique. Il associe 24 poèmes d’amour de Louis Monet illustrés par les coups de crayon de Michel Serra.

Financé grâce à Ulule, il est paru en février 2021. A commander dans la boutique des éditions.

Michel Serra

Michel Serra est photographe, dessinateur, sculpteur à ses heures, comédien, bricoleur de génie… Artiste en toutes choses, il s’est laissé inspiré par les textes de Louis Monnet.

Voici quelques unes des illustrations d’Amours à nu, pour le plaisir des yeux…

Illustrations Amours à nu – Michel Serra

Si vous souhaitez acquérir un ex libris numéroté et signé au format A4, contactez-nous ici contact@editions-voyagesdici.com. Nous vous indiquerons la marche à suivre pour le recevoir, encadré ou pas, selon votre choix.

Écouter un extrait d’Amours à nu – A poil (Lu par Laure Royan)

La poésie de janvier 2021

La poésie du mois

Bisous

C’est le baiser mutin, voletant papillon
Qui se pose léger et qui déjà oublie
La douceur de la peau, le pâle vermillon
De deux lèvres si proches et qui vous font envie.

La bouche en cul de poule, petit bruit de succion,
C’est le « bisou-bisou » où les regards s’évitent.
Seules les joues se touchent, n’ayez pas d’illusions,
Coup d’œil aux alentours, on se sépare vite.

C’est l’espoir timide d’un plus profond baiser
Qui s’attarde un peu pour marquer le désir
Et les sens en éveil se plaisent à oser
Qu’il n’est que le prélude à bien d’autres plaisirs.

Préface à quelques mots qui ne veulent rien dire,
Rite traditionnel entre gens de bon ton,
Un air « mine de rien » qui peut cacher le pire
Et personne n’est dupe de cette convention.

C’est le contact distrait, mi-figue-mi-raisin,
Moitié affectionné, moitié indifférence,
Bon pour la parenté, tantines et cousins
Ou amis d’occasion imbus de préférence.

C’est le petit câlin que l’on fait à l’éveil,
Le « merci » pour la nuit de deux corps enlacés
Qui se souviennent encore de cette joie sans pareille
D’un seul cœur qui bat en ces temps menacés.

Louis Monnet

La poésie du mois de décembre

La poésie du mois

Avec 7 notes de musique

Avec sept notes sur mon clavier,
Quelques soupirs, bémols et dièses,
Trois, quatre temps et une thèse,
En moins de une vous êtes conviés

A vous ravir de ma musique,
Chanson du vent dans les feuillages,
La possession ou l’amour sage,
La pastorale ou l’héroïque

Et quelque soit mon instrument,
Banjo, violon ou clarinette,
Olé ! Olé ! Et castagnettes,
Sur les cordes ou bien les vents.

Je vous dirai que je vous aime,
Depuis hier, depuis toujours.
Si vous riez de mon amour
Alors je changerai de thème.

Des cloches vous aurez le glas,
Prélude au deuil ainsi qu’aux larmes
Et si la mort est ma seule arme
Elle est à vous, sans falbala.

Louis Monnet