Rythmique, Louis Monnet

Format 12×18 – 152 pages – Illustration de couverture – Léa Serra

Les Éditions Voyages d’Ici présentent Rythmique, le deuxième recueil de poésie de Louis Monnet.

La parution de ce deuxième recueil de poésie s’inscrit dans un projet d’édition ambitieux : publier, à titre posthume, les quelques 800 poèmes écrits par Louis Monnet durant sa vie.

Comme dans tout projet, des étapes sont nécessaires. Notre premier objectif est de créer une trilogie. Après Caravanes, Rythmique est le second de cette trilogie qui constituera le socle de la collection Voyage poétique. Le troisième paraitra en 2021…

D’ici là, d’autres projets d’édition vont, sans doute, se glisser dans notre catalogue…

Pour commander Rythmique, rendez-vous dans la boutique.

Écouter un extrait – J’aurais aimé (lu par Laure Royan)

La poésie du mois de novembre

La poésie du mois

Les défauts

Que m’arrive-t-il donc ? Que suis-je devenu ?
Pyjama de molleton, moi qui dormait tout nu.
Et tous mes chers défauts qui pimentaient ma vie,
Tous s’en sont allés car, oui, je n’ai plus d’envies.

Avant j’aimais le vin. Je ne tiens plus chopine.
Juste de l’eau rougie, une infecte bibine.
De ces grands crus cotés dont je rêvais la nuit,
Graves de Bordeaux, Bourgognes et Côtes de Nuit 

Me sont indifférents. Je bois Contrexéville.
C’est mon foie qui jubile, ne se fait plus de bile.
Avant j’aurais couru pour des cuisses de grenouilles,
Aujourd’hui je me plais d’un triste plat de nouilles.

Adieu ! Plats mijotés sur le coin du fourneau,
Tripettes de chez nous, les cailles et les perdreaux,
Grasses volailles de Bresse, porcelets à l’engrais 
Qui, rien que d’en parler, me laissent des regrets.

Je me mettais à table religieusement
Et jusqu’au pousse-café c’était contentement.
Avant j’aimais l’amour ponctué de tendresse
Reprises répétées avec des caresses,

A peine quelques soupirs et je recommençais.
Le temps était trop court, si vite il passait.
Aujourd’hui, par hasard, cela m’arrive parfois,
Il me faut de l’élan, m’y reprendre à trois fois
Tout ça pour pas grand-chose. Autant dire, 
presque rien.

                             Moralité

C’est un constat amer auquel je ne peux rien
Avec l’âge qui court et malgré tous nos soins
Nos défauts disparaissent. On n’en a plus besoin. 

Louis Monnet

La poésie du mois d’octobre

La poésie du mois

La tendresse

On dit que la tendresse est de l’amour usé
Par la longueur du temps, les chagrins et l’espace,
Qu’elle est le tain pâli qui efface les glaces
Ou la longue habitude des mots, vieux, usés.

On croit que la tendresse est une planète morte
D’avoir trop brillé dans le bleuté des nuits
Comme un feu qui s’éteint sous la cendre d’ennui
Ou un fardeau léger qu’on coltine et supporte.

La tendresse serait tout au bout de sa course
Un typhon endormi bercé par les hauts-fonds,
Un ris de vaguelettes en robe de mouton,
Un clapotis léger sous l’œil de la Grande Ourse.

La tendresse, mon Amour, c’est bien tout autre chose.
C’est, dès que tu me quittes, avoir perdu tes yeux,
C’est, lorsque tu reviens, un doux baiser joyeux,
C’est chaque jour qui naît pouvoir t’offrir des roses.

C’est t’écouter parler de tant de petits riens,
C’est te prendre la main, la garder et se taire,
C’est avec émotion penser aux solitaires,
C’est avec pudeur te dire « chérie, viens ».

La tendresse c’est, ému, te regarder dormir,
C’est caresser tes rides avec le bout des doigts,
C’est penser au désir en ne pensant qu’à toi,
Aimer tes cheveux blancs et savoir te le dire.

La tendresse c’est nous deux quand le cœur se repose,
Que, seulement frémir, à peine si on ne l’ose
Enfouis dans la tiédeur de notre amour tranquille
Et vieillir lentement, hors les bruits de la ville.

La tendresse, de l’Amour c’est la quintessence,
C’est le parfum subtil qui surpasse le temps,
C’est naïvement croire que de nous aimer tant
Pas même le linceul sera pour nous l’absence.

Louis Monnet

La poésie du mois de septembre

La poésie du mois

Pour attendre l’heure

C’est sûr, les temps sont fous et c’est chacun pour soi.
On fait taire ses ennuis comme on garde ses joies.
Le partage se fait rare, on est seul sur la terre,
Parfois on voudrait bien, on ne sait comment faire.

Et c’est ainsi qu’on va, sans doute par habitude,
On serre un peu les dents lorsque la vie est rude,
Quand le vent est au beau on y goûte en avare.
C’est déjà bien assez que ces temps-là soient rares.

Il faut voir les plus jeunes qui se croient initiés,
Qui se grisent de bruits et de fausses amitiés,
Entrainés de bon gré dans la ronde galopante
De plaisirs falsifiés qui, à peine, les contentent.

Mais il y a aussi tous les laissés pour compte
D’une société d’exclus et qui ont un peu honte
D’être écartés de tout, du travail, de l’argent.
Pour eux, tendre la main est certes outrageant.

Et je songe aux ainés et à toutes ces vieilles
Qui ont le cœur trop grand, qui dans leurs soirs de veille
Espèrent de demain quelque peu de tiédeur
Plus précieuse que le pain pour attendre l’heure.

Louis Monnet

La poésie du mois d’août

La poésie du mois

Une fois n’est pas coutume… En ce mois d’août, les Editions Voyages d’Ici souhaitent honorer la jeune création et publient ici deux textes de deux jeunes auteurs, Léa Serra et Olivier Faure-Brac.
Vagabondages sur le thème du bonheur… Voici deux interprétations, deux regards, deux visions d’un sujet éternel…

Partout le bonheur m’attend

Bercée par le vent frais du matin
Couchée près du cerisier en rose vêtu
J’admire le ciel bleu et ses nuages fins
Pensant à toutes les joies qui m’ont émues.

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La poésie du mois de juin

La poésie du mois

Le vent – Louis Monnet

Du mois d’avril, je suis le vent
Doux et léger, tiède et mouvant.
Pourtant fraîchi sur les névés
J’apporte la trêve rêvée
Pendant une longue froidure,
Blanche de neige et bise dure.
Je suis la vie, le renouveau,
Fleurettes pâles et gais ruisseaux,
Je réveille un peu d’instants
L’ensommeillé : le beau printemps…

Me revoilà vent de juillet
Plein de soleil et goût d’œillet.
Parfois violent, jamais fâché,
Je roule et fane les près fauchés.
Aussi je houle les blés muris
Où les bergères cherchent maris
Si je bouscule un gros orage
Alors manants me croient en rage.
Mais je caresse tant de peaux nues
Que je brunis l’été venu.

Je suis aussi le vent d’octobre,
De lourds nuages ne suis point sobre.
La terre luit sous les labours
Quand sont pillés les vergers lourds
Et puis je teins de tous les jaunes,
De tous les rouges d’érable et l’aulne.
Le ciel, le soir, de couleur d’ambre
Car déjà voilà novembre.
Les migrateurs partout entonnent
Leur « au revoir », leurs cris d’automne.

Puis l’on me craint, on me redoute,
Dur aux errants sur bien des routes.
Poussant la neige, vent de janvier,
Vent de l’hiver qui fait envier
Ceux qui regardent l’escarbille
Le cœur quiet, les yeux qui brillent
L’âme au chaud, loin des détresses
De ceux que j’envoie ad patres,
Jusqu’à ce que revienne le temps
Où je serai vent de printemps.

Louis Monnet
Extrait du recueil Caravanes

La poésie du mois – Mai

La poésie du mois

A l’impossible, Dieu n’est tenu – Louis MONNET

Ève fait la moue, elle n’est pas satisfaite.
Comme tous les ménages, il y a des jours froids.
C’est vrai, il faut admettre, elle n’a guère le choix,
Il n’y a qu’Adam. Toujours la même tête.

Chacun sait qu’il est bon d’aller selon son goût
Et qu’il faut, c’est normal, changer un peu d’herbage.
A trop serrer le joug, la mesure est peu sage,
Une bonne cuisine doit varier son ragoût.

Alors, à Dieu le père, elle demande audience.
Il lui faut patienter, il se repose un peu.
Créer tout l’univers ne fut pour lui qu’un jeu,
Mais avec ces deux-là, il a manqué de chance.

Enfin reçu par Lui, ses doléances elle fait :
Adam est plutôt moche et aussi un peu bête.
Et puis, ils sont tout nus. Il n’a pas de galette
Quand elle veut s’acheter quelques colifichets.

Intelligent, beau, riche ! Non mais qu’est-ce qu’elle croit. 
Même moi qui peut tout, elle me la baille bonne !
J’ai eu beaucoup de peine à faire un seul homme
Et elle me demande de lui en faire trois !

Louis Monnet
Extrait du recueil Caravanes

Caravanes, Louis Monnet

Format 12×18 – 144 pages – Illustration de couverture – Léa Serra

Né le 19 février 1915 à Lyon et mort le 26 février 2011 à Valence, Louis Monnet a écrit durant sa vie des centaines de poèmes. Un peu plus de 800 ont été conservés et retranscrits par l’auteur lui-même sur un des tout premier traitement de texte informatique. Patiemment tapés à deux doigts, les textes ont été classés en 12 recueils non datés. Un seul, réservé aux poèmes écrits durant sa mobilisation en Indochine de 1946 à 1948, peut être fidèlement inscrit dans son temps.

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