La poésie de septembre 2021

La poésie du mois

Tout va bien

Des peuples en devenir et quêtant assistance
Contre quelques subsides s’ouvrent à l’ingérence.
Leurs sous-sols comblés provoquent convoitises,
De plus civilisés en usent, les utilisent.

Vendus par des compères qui tètent au râtelier,
Présidents et ministres vont tous se mésallier,
Dans leurs costumes-cravates et leurs belles autos.
Mais leur âme est plus noire que la plus noire peau.

Ils clament leur bonne-foi ! Comment peut-on oser
Croire qu’ils sont vénaux à donner la nausée ?
Le pillage se paie avec des ONG.
Ainsi, bien des consciences s’en trouvent apaisées.

Tant s’en va l’outre au puits qu’à la fin elle perd.
Toutes les religions finissent dans la guerre.
Chacune veut dominer par ses textes sacrés
Falsifiant les versets, prétextes à massacrer.

Quelle qu’en soit la forme et chacune pour son Dieu
Agit pour qu’elle soit seule sur Terre et dans les Cieux.
Perversion et violence à l’excès se répètent,
Télé et cinéma leur montrent la recette.

Et ainsi tout va bien de partout dans le Monde…
Le Mal se mord la queue puisque la Terre est ronde.
L’été, je me prélasse et me dore au soleil…
Un cent fois rien du tout ! Pour moi, c’est bien pareil.

Louis Monnet

La poésie de juin 2021

La poésie du mois

Désordre

Une fleur s’endort dans mon monde
Elle fut chérie, choyée
Lors d’une trop courte vie d’été

Un matin de printemps elle fleurit
Pour la toute première fois
Ouvrit son cœur et nous sourit

Toute de rouge et de vert vêtue
Elle était encore si têtue
Mais venait juste de commencer son histoire

Tous les bourdons la désiraient
Elle était à la fleur de l’âge,
Était la Reine des pâturages

Toutes les abeilles chantaient ses exploits
Les pétunias enviaient sa beauté
Mais je la voulais juste pour moi

Dans un univers où tout s’efface
Où je redessine sans cesse l’espace
Petite fleur tu étais mon seul point d’ancrage

Un jour où la lumière faiblit
Ce jour où je me suis endormie si vite
Où je n’ai pas eu le temps d’aller à ta poursuite

Tu te courbas si lentement
Pétale après pétale
Et même pas en chantant

Tu étais si seule dans ce biome
Perdue et apeurée, ce fut donc en somme
Une transformation parfaitement désordonnée

Léa Serra

La poésie de mai 2021

La poésie du mois

Le temps

Il faut beaucoup de temps pour bâtir une vie
Tant de temps pour grandit qu’on se croit éternel
Tant de temps pour aimer et aussi pour souffrir
Tant de temps pour, enfin, gagner un peu de ciel.

Et pourtant, tout ce temps, comme il passe vite.
A peine le printemps que c’est déjà l’hiver
A peine le bel été que s’en viennent les rides
A peine quelques orages qu’il n’y a plus de miel.

Il y a temps pour tout, disaient jadis les sages
Et c’est ce qu’on croyait quand on avait 20 ans.
Tant de choses essentielles remises au lendemain
Et l’on ne savait pas qu’on restait les mains vides.

Il faut tempes grises pour remâcher hier
Comme si cela pouvait en remonter le temps
Qui, inexorable, sans s’émouvoir, chemine
Car sa route est longue et il n’a pas le temps.

Louis Monnet

La poésie d’avril 2021

La poésie du mois

L’ange

« Et petit, regarde-moi. Lève la tête. Dans le ciel. Tu me vois ? Non ? La toute petite étoile à côté de la grosse brillante. Toujours pas ? Je suis celle à la forme un peu ovale avec des nuances roses. Et maintenant tu me vois ? Je suis l’amour, la tristesse, la joie, la colère. Tu penses m’avoir vue ? Je suis celle qui connaît ton histoire, tes peines et tes désirs. Ça y est tu me vois ? Très bien, ferme les yeux maintenant. Tu me vois toujours ? Je suis la petite lumière dans ton cœur. Je représente ton passé et ton futur. Voilà c’est bien, maintenant tu me ressens vraiment. Tu m’as absorbée. Je suis en toi. Je suis toi. Ton petit ange, ta lumière. Maintenant, ouvre les yeux. Tu te sens mieux ? Tu ne pleures plus ? C’est bien. Maintenant rappelle-toi que quoi qu’il t’arrive, une étoile veille sur toi. »

Léa SERRA

La poésie de mars 2021

La poésie du mois

Aimer pour deux

Comme une vague épuisée vient mourir sur le sable,
Les blessures profondes et mal cicatrisées
Sont des toiles d’araignée par tous les vents brisées,
S’effilochant sans bruit, pendantes, lamentables

Et ainsi, chaque jour, parmi tant d’infortunes,
Inconsciemment pervers de désir et d’amour
Bien souvent confondus, sont ressassées toujours,
Sans morale ombragée et combien importune.

Profite du temps présent jusqu’à la dernière heure
Sans chercher à savoir quel en sera son prix.
Qu’importe les mal-dits et les mots incompris,
Il faut aimer pour deux et croire au bonheur.

Louis Monnet

La poésie de janvier 2021

La poésie du mois

Bisous

C’est le baiser mutin, voletant papillon
Qui se pose léger et qui déjà oublie
La douceur de la peau, le pâle vermillon
De deux lèvres si proches et qui vous font envie.

La bouche en cul de poule, petit bruit de succion,
C’est le « bisou-bisou » où les regards s’évitent.
Seules les joues se touchent, n’ayez pas d’illusions,
Coup d’œil aux alentours, on se sépare vite.

C’est l’espoir timide d’un plus profond baiser
Qui s’attarde un peu pour marquer le désir
Et les sens en éveil se plaisent à oser
Qu’il n’est que le prélude à bien d’autres plaisirs.

Préface à quelques mots qui ne veulent rien dire,
Rite traditionnel entre gens de bon ton,
Un air « mine de rien » qui peut cacher le pire
Et personne n’est dupe de cette convention.

C’est le contact distrait, mi-figue-mi-raisin,
Moitié affectionné, moitié indifférence,
Bon pour la parenté, tantines et cousins
Ou amis d’occasion imbus de préférence.

C’est le petit câlin que l’on fait à l’éveil,
Le « merci » pour la nuit de deux corps enlacés
Qui se souviennent encore de cette joie sans pareille
D’un seul cœur qui bat en ces temps menacés.

Louis Monnet

La poésie du mois de décembre

La poésie du mois

Avec 7 notes de musique

Avec sept notes sur mon clavier,
Quelques soupirs, bémols et dièses,
Trois, quatre temps et une thèse,
En moins de une vous êtes conviés

A vous ravir de ma musique,
Chanson du vent dans les feuillages,
La possession ou l’amour sage,
La pastorale ou l’héroïque

Et quelque soit mon instrument,
Banjo, violon ou clarinette,
Olé ! Olé ! Et castagnettes,
Sur les cordes ou bien les vents.

Je vous dirai que je vous aime,
Depuis hier, depuis toujours.
Si vous riez de mon amour
Alors je changerai de thème.

Des cloches vous aurez le glas,
Prélude au deuil ainsi qu’aux larmes
Et si la mort est ma seule arme
Elle est à vous, sans falbala.

Louis Monnet

La poésie du mois de novembre

La poésie du mois

Les défauts

Que m’arrive-t-il donc ? Que suis-je devenu ?
Pyjama de molleton, moi qui dormait tout nu.
Et tous mes chers défauts qui pimentaient ma vie,
Tous s’en sont allés car, oui, je n’ai plus d’envies.

Avant j’aimais le vin. Je ne tiens plus chopine.
Juste de l’eau rougie, une infecte bibine.
De ces grands crus cotés dont je rêvais la nuit,
Graves de Bordeaux, Bourgognes et Côtes de Nuit 

Me sont indifférents. Je bois Contrexéville.
C’est mon foie qui jubile, ne se fait plus de bile.
Avant j’aurais couru pour des cuisses de grenouilles,
Aujourd’hui je me plais d’un triste plat de nouilles.

Adieu ! Plats mijotés sur le coin du fourneau,
Tripettes de chez nous, les cailles et les perdreaux,
Grasses volailles de Bresse, porcelets à l’engrais 
Qui, rien que d’en parler, me laissent des regrets.

Je me mettais à table religieusement
Et jusqu’au pousse-café c’était contentement.
Avant j’aimais l’amour ponctué de tendresse
Reprises répétées avec des caresses,

A peine quelques soupirs et je recommençais.
Le temps était trop court, si vite il passait.
Aujourd’hui, par hasard, cela m’arrive parfois,
Il me faut de l’élan, m’y reprendre à trois fois
Tout ça pour pas grand-chose. Autant dire, 
presque rien.

                             Moralité

C’est un constat amer auquel je ne peux rien
Avec l’âge qui court et malgré tous nos soins
Nos défauts disparaissent. On n’en a plus besoin. 

Louis Monnet

La poésie du mois d’octobre

La poésie du mois

La tendresse

On dit que la tendresse est de l’amour usé
Par la longueur du temps, les chagrins et l’espace,
Qu’elle est le tain pâli qui efface les glaces
Ou la longue habitude des mots, vieux, usés.

On croit que la tendresse est une planète morte
D’avoir trop brillé dans le bleuté des nuits
Comme un feu qui s’éteint sous la cendre d’ennui
Ou un fardeau léger qu’on coltine et supporte.

La tendresse serait tout au bout de sa course
Un typhon endormi bercé par les hauts-fonds,
Un ris de vaguelettes en robe de mouton,
Un clapotis léger sous l’œil de la Grande Ourse.

La tendresse, mon Amour, c’est bien tout autre chose.
C’est, dès que tu me quittes, avoir perdu tes yeux,
C’est, lorsque tu reviens, un doux baiser joyeux,
C’est chaque jour qui naît pouvoir t’offrir des roses.

C’est t’écouter parler de tant de petits riens,
C’est te prendre la main, la garder et se taire,
C’est avec émotion penser aux solitaires,
C’est avec pudeur te dire « chérie, viens ».

La tendresse c’est, ému, te regarder dormir,
C’est caresser tes rides avec le bout des doigts,
C’est penser au désir en ne pensant qu’à toi,
Aimer tes cheveux blancs et savoir te le dire.

La tendresse c’est nous deux quand le cœur se repose,
Que, seulement frémir, à peine si on ne l’ose
Enfouis dans la tiédeur de notre amour tranquille
Et vieillir lentement, hors les bruits de la ville.

La tendresse, de l’Amour c’est la quintessence,
C’est le parfum subtil qui surpasse le temps,
C’est naïvement croire que de nous aimer tant
Pas même le linceul sera pour nous l’absence.

Louis Monnet

La poésie du mois de septembre

La poésie du mois

Pour attendre l’heure

C’est sûr, les temps sont fous et c’est chacun pour soi.
On fait taire ses ennuis comme on garde ses joies.
Le partage se fait rare, on est seul sur la terre,
Parfois on voudrait bien, on ne sait comment faire.

Et c’est ainsi qu’on va, sans doute par habitude,
On serre un peu les dents lorsque la vie est rude,
Quand le vent est au beau on y goûte en avare.
C’est déjà bien assez que ces temps-là soient rares.

Il faut voir les plus jeunes qui se croient initiés,
Qui se grisent de bruits et de fausses amitiés,
Entrainés de bon gré dans la ronde galopante
De plaisirs falsifiés qui, à peine, les contentent.

Mais il y a aussi tous les laissés pour compte
D’une société d’exclus et qui ont un peu honte
D’être écartés de tout, du travail, de l’argent.
Pour eux, tendre la main est certes outrageant.

Et je songe aux ainés et à toutes ces vieilles
Qui ont le cœur trop grand, qui dans leurs soirs de veille
Espèrent de demain quelque peu de tiédeur
Plus précieuse que le pain pour attendre l’heure.

Louis Monnet