La poésie du mois d’octobre

La tendresse

On dit que la tendresse est de l’amour usé
Par la longueur du temps, les chagrins et l’espace,
Qu’elle est le tain pâli qui efface les glaces
Ou la longue habitude des mots, vieux, usés.

On croit que la tendresse est une planète morte
D’avoir trop brillé dans le bleuté des nuits
Comme un feu qui s’éteint sous la cendre d’ennui
Ou un fardeau léger qu’on coltine et supporte.

La tendresse serait tout au bout de sa course
Un typhon endormi bercé par les hauts-fonds,
Un ris de vaguelettes en robe de mouton,
Un clapotis léger sous l’œil de la Grande Ourse.

La tendresse, mon Amour, c’est bien tout autre chose.
C’est, dès que tu me quittes, avoir perdu tes yeux,
C’est, lorsque tu reviens, un doux baiser joyeux,
C’est chaque jour qui naît pouvoir t’offrir des roses.

C’est t’écouter parler de tant de petits riens,
C’est te prendre la main, la garder et se taire,
C’est avec émotion penser aux solitaires,
C’est avec pudeur te dire « chérie, viens ».

La tendresse c’est, ému, te regarder dormir,
C’est caresser tes rides avec le bout des doigts,
C’est penser au désir en ne pensant qu’à toi,
Aimer tes cheveux blancs et savoir te le dire.

La tendresse c’est nous deux quand le cœur se repose,
Que, seulement frémir, à peine si on ne l’ose
Enfouis dans la tiédeur de notre amour tranquille
Et vieillir lentement, hors les bruits de la ville.

La tendresse, de l’Amour c’est la quintessence,
C’est le parfum subtil qui surpasse le temps,
C’est naïvement croire que de nous aimer tant
Pas même le linceul sera pour nous l’absence.

Louis Monnet

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