La poésie du mois de novembre

Les défauts

Que m’arrive-t-il donc ? Que suis-je devenu ?
Pyjama de molleton, moi qui dormait tout nu.
Et tous mes chers défauts qui pimentaient ma vie,
Tous s’en sont allés car, oui, je n’ai plus d’envies.

Avant j’aimais le vin. Je ne tiens plus chopine.
Juste de l’eau rougie, une infecte bibine.
De ces grands crus cotés dont je rêvais la nuit,
Graves de Bordeaux, Bourgognes et Côtes de Nuit 

Me sont indifférents. Je bois Contrexéville.
C’est mon foie qui jubile, ne se fait plus de bile.
Avant j’aurais couru pour des cuisses de grenouilles,
Aujourd’hui je me plais d’un triste plat de nouilles.

Adieu ! Plats mijotés sur le coin du fourneau,
Tripettes de chez nous, les cailles et les perdreaux,
Grasses volailles de Bresse, porcelets à l’engrais 
Qui, rien que d’en parler, me laissent des regrets.

Je me mettais à table religieusement
Et jusqu’au pousse-café c’était contentement.
Avant j’aimais l’amour ponctué de tendresse
Reprises répétées avec des caresses,

A peine quelques soupirs et je recommençais.
Le temps était trop court, si vite il passait.
Aujourd’hui, par hasard, cela m’arrive parfois,
Il me faut de l’élan, m’y reprendre à trois fois
Tout ça pour pas grand-chose. Autant dire, 
presque rien.

                             Moralité

C’est un constat amer auquel je ne peux rien
Avec l’âge qui court et malgré tous nos soins
Nos défauts disparaissent. On n’en a plus besoin. 

Louis Monnet

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